Rendez-vous au musée Nicéphore Niepce à Chalon-sur-Saône le mercredi 12 avril pour une visite guidée de l’exposition « L’accroche-cœur, voyages dans la collection de Nathalie Casabo Emprin » à 16h et une conférence à 18h30.
Celle ci se tiendra en compagnie d’Emmanuelle Barbaras dont la photographie « l’Amour » vaut avertissement à l’entrée de l’exposition au Musée ! Nous aborderons l’histoire de cette photographie et nous évoquerons plus généralement les sujets tabous de l’époque, leur évolution dans la notre, la censure… Par ailleurs, Emmanuelle nous présentera des tirages d’époque des Nus masculins / Visions au féminin.
Info dernière minute : changement de programme, Emmanuelle Barbaras, frappée par la Covid, n’a pu honorer la rencontre programmée le 12 avril. Une conférence improvisée sur les 50 ans d’autoportraits d’Arno Rafael Minkkinen a remplacé cette rencontre.
Emmanuelle Barbaras
Après une licence de psychologie, Emmanuelle Barbaras devient photographe indépendante en 1984. Elle travaille pour la presse, la communication et l’édition (Prima, le Monde, Challenges, Libération, Politis, etc.) Elle effectue pendant des années des sujets sur la lutte contre le sida dans le monde, puis sur la lutte contre l’excision en Afrique, ainsi que sur les droits des femmes en général. Par ailleurs, elle s’intéresse beaucoup au domaine de l’intime et entreprend une recherche sur les nus masculins et féminins ainsi que sur les couples. Elle obtient le prix Leica en 1986 pour son travail sur le corps, puis la Villa Médicis hors les murs pour son reportage sur le sida dans le monde en 1994. Elle expose ses images en France, en Europe, en Afrique et collabore avec plusieurs ONG telles que Aides, Femmes Solidaires, Terre des Hommes…
Ses photographies font, entre autres, partie des collections de la Bibliothèque nationale de Paris, du Musée de la Photographie d’Helsinki, du Ludwig Museum à Cologne, de la Fondation Italienne pour la Photographie à Turin, et de la Bibliothèque Kandinsky à Beaubourg.
Dans l’exposition « L’accroche-cœur, voyages dans la collection de Nathalie Casabo Emprin », vous retrouverez des photographies d’Emmanuelle Barbaras sur plusieurs panneaux : Suds, Nus masculins / Visions au féminin, Sida & Prévention.
Suds
Le Monde change considérablement dans les années 1990 : les décolonisations s’achèvent, le Mur de Berlin est tombé en 1989, l’invasion du Koweït par l’Irak a avorté suite à l’intervention d’une coalition internationale mais a provoqué de nombreux déplacements de réfugiés, les accords d’Oslo de 1993 donnent l’illusion que le Proche-Orient va enfin s’apaiser, le SIDA ravage le continent africain, etc. Dans ce contexte, les pays dits du « Sud » sont sujets à de multiples bouleversements dont l’exposition « Suds » tente de rendre compte. Chroniques de la vie / survie quotidienne de ces populations, les travaux des huit jeunes photographes français rassemblés par NCE, déploient un regard d’auteur, alors que le photoreportage achève son âge d’or et que les commandes photographiques de la presse refluent.
Ces regards singuliers, pudiques ou provocants, toujours respectueux, fruits de voyages répétés, de rencontres, de partages, sont des traces, reflets et interprétations de la réalité de l’époque… Au Kurdistan d’Irak (A. Delassus) et en Ethiopie (S. Rao), au Mali (Y. De Fareins) et au Burundi (E. Barbaras), en Israël (D. Ben Loulou) et en Algérie (F. Dal Chele), à Cuba (T. Géraud) et à Haïti (C. Bourguedieu). « Suds » a été inaugurée au Musée de la Photographie d’Helsinki et présentée à la Fondation Italienne de la Photographie à Turin en 1996.
Nus masculins / Visions au féminin
C’est à l’occasion de l’exposition collective proposée par Jean-Claude Lemagny aux 6e rencontres de la Photographie de Lorient en 1988, « Le retour des Dieux », que NCE découvre les nus masculins de Lenni Van Dinther. Séduite à la fois par le sujet et par son traitement plastique qui, par des effets de miroir utilisant la poétique de l’ombre et de la lumière, sublime la matière, NCE expose ses travaux à la galerie Suzel Berna en 1990.
Cette « matière » se retrouve chez la jeune photographe belge Nadine Wergifosse, qui, à l’aide de procédés pigmentaires rend les corps masculins évanescents, des ombres d’argile à peine perceptibles.
C’est ainsi que s’initie le projet « Nus masculins / Visions au féminin », thématique rarement explorée, ou du moins exposée, dans les années 1990. L’exposition devait présenter, entre autres, l’audacieux travail de Shanta Rao sur l’érotisme masculin (couronné par le « Prix de la Villa Médicis hors les murs » en 1993), sujet tabou alliant des photographies délicates et mystérieuses à d’autres plus crues sur l’expression du plaisir masculin
L’approche plus charnelle d’Emmanuelle Barbaras complète l’échantillon de ce projet resté inachevé.
Sida & prévention
Ce sont les années SIDA. Une génération entière succombe au fléau et la prise de conscience de l’universalité du virus est lente. Après avoir sensibilisé le public en 1990 avec les expositions personnelles de Jean-Baptiste Carhaix (The Sisters of Perpetual Indulgence), de Philippe Hédan (mort du Sida peu après son exposition au Musée Réattu en 1991), et de Linda Troeller (TB-Aids Diary), la galerie organise une exposition visant à lever les tabous autour du mode de transmission de la maladie et des moyens de s’en protéger. Une trentaine d’artistes de la galerie, sculpteurs, photographes et peintres répondent à l’appel et créent pour l’occasion des pièces inédites. Réalisée en partenariat avec les Amis du Musée de l’Elysée de Lausanne, l’exposition ne rencontra pas le succès escompté en termes de ventes dont une partie devait revenir à la fondation du professeur Montagnier (découvreur du virus de l’immunodéficience humaine en 1983). Et ce, malgré la forte affluence du public à la rencontre débat avec le Docteur Trotot de la Fondation et les responsables de l’association A.I.D.E.S…