50 ans d’autoportraits d’Arno Rafael Minkkinen

Conférence improvisée sur les 50 ans d’autoportraits d’Arno Rafael Minkkinen au musée Nicéphore Niepce à Chalon-sur-Saône le mercredi 12 avril dans le cadre de l’exposition « L’accroche-cœur, voyages dans la collection de Nathalie Casabo Emprin ».

Suite à l’annulation pour raisons de santé de la rencontre avec Emmanuelle Barbaras, il a fallu changer de programme vite fait ! Arno Rafael Minkkinen a réalisé un diaporama en urgence que j’ai accompagné d’extraits de nos échanges lors de mon Master de Philosophie en 2005 : Dans quelle mesure le handicap peut il être un moyen privilégié d’accéder à son être ?

La rencontre avec Arno Rafael Minkkinen aux Rencontres internationales de la Photographie d’Arles, en 1983, a été déterminante dans ma vie. Jeune photographe, je complétais alors ma formation à moindre frais en étant traductrice anglais/français pour les stages d’été et le premier que j’ai traduit était le sien. Cela faisait déjà 12 ans que Minkkinen pratiquait l’auto-portrait nu dans la nature et cette année-là voyait sa première exposition en France à la galerie Vivianne Esders à Paris. Ce stage d’une semaine avec une quinzaine d’étudiants a été un partage d’une telle intensité que je m’en souviens encore quarante ans après. À la fin, Arno m’a offert et dédicacé son tout premier livre Frosbite.



Cet amour pour l’œuvre et l’homme m’amène à quitter progressivement mon activité de photographe pour me consacrer à la promotion de son travail et par la suite de celui de nombreux photographes en devenant leur galeriste et agent. Avec plus de cinquante ans d’autoportraits, Arno Rafael Minkkinen marque non seulement l’histoire de la Photographie et de l’Art, mais en soulignant notre appartenance et interdépendance avec la Nature, souvent avec humour, il délivre aussi un message politique d’actualité illustrant sa maxime « l’art c’est de rendre le risque visible ».

En savoir plus sur Arno Rafael Minkkinen : www.arnorafaelminkkinen.com


Dans l’exposition « L’accroche-cœur, voyages dans la collection de Nathalie Casabo Emprin », vous retrouverez des photographies d’Arno Rafael Minkkinen sur plusieurs panneaux : Les maîtres de l’étrange, Vents du nord, H20, Sida & Prévention.

Trois maitres de l’étrange, 1989

Cette exposition fondatrice résume en grande partie les choix futurs de la galerie Suzel Berna / NCE photographie contemporaine : les expérimentations formelles, la poésie, l’exploration du subconscient, une intense réflexion sur le corps. Surtout, avec le Japonais Eikoh Hosoe, le Finlandais Arno Minkkinen et l’Américain Ralph Gibson, la galerie assume une programmation résolument internationale. Confronter ces trois figures reconnues en France et à l’étranger aux sculptures en verre de l’Américain Dale Chihuly constitue un galop d’essai audacieux et réussi : une nouvelle voie prend forme en présence des artistes et du célèbre galeriste Léo Castelli qui l’encourage. Ne manque à cette exposition que le soutien à la jeune création, qui sera ensuite un des marqueurs forts de la galerie.

Vents du Nord / Une histoire finlandaise / Finnice

Par le biais d’Arno Minkkinen, dont elle est l’agent de 1990 à 2001, Nathalie Casabo-Emprin découvre la photographie finnoise jusque-là inconnue en France. Elle est très impressionnée – tant par les images historiques de Victor Barsokevitsch (1863-1933) que par les nouvelles formes de créations visuelles –, nées de la rencontre entre l’Art et la Photographie et qui commencent à se conjuguer. 
En initiant la première rétrospective de la photographie finnoise « Finnice, Voyages en Finlande », (Camera international n°30 , au Mois de la Photo à Nice en 1991, NCE s’engage auprès de plusieurs auteurs contemporains et s’attache à les faire connaitre en devenant leur agent. L’exposition « Vents du Nord, six regards finlandais sur la terre – l’homme – la matière » (Bremer, Jokisalo, Kelaranta, Minkkinen, Parantainen, Puranen), créée pour le mois de la photo à Talant en 1995 et « Une histoire finlandaise » (Larjosto, Lindstrom, Sammallahti…) pour le centre photographique de Rouen en 1997, s’ajoutent aux expositions personnelles en galerie et à leur diffusion, pour toucher un large public.
Leurs œuvres, expérimentales ou plus classiques, interrogent notre rapport au monde, notre relation à l’histoire, au rôle qu’y joue la photographie et soulignent l’interdépendance de l’homme et de la nature. La forme et le contenu s’y rejoignent dans l’élégance d’une esthétique singulière.

H2O

Jusqu’à ce que la douleur le lui enseigne, l’homme ne sait pas quel trésor est l’eau — Lord Byron
Révélatrice de la prise de conscience progressive des enjeux climatiques aujourd’hui prépondérants dans nos sociétés, « H2O » est un projet que l’on s’attendrait à voir initié par des institutions culturelles. En 1998, NCE conçoit « H2O pour être présentée dans et hors les murs, accompagnée d’un ambitieux programme de médiation. Loin de tout discours culpabilisateur, « H2O » souhaite « renforcer nos consciences et notre responsabilité collective » par un dialogue poétique entre photographies et textes, extraits entre autres, de la Genèse et de « L’eau et les rêves » de Bachelard.
Pensée comme une « Ode à l’eau » sous toutes ses formes, « H2O » s’organise en une balade évoquant différents moments : celui du surgissement de la vie sur terre, celui de notre apparition et des mythes fondateurs des cultures, celui de la poésie et de l’insouciance, celui des prémices de la destruction massive actuelle et d’une possible finitude.
Pressentie pour être montrée aux capitales vertes européennes de l’an 2000, l’exposition ne verra finalement jamais le jour alors que la galerie est sur le point de cesser son activité. Cet accrochage est une ébauche de la présentation « indoors » qui aurait dû advenir alors que de nombreux artistes étaient prêts à rejoindre les photographes de la galerie.

Sida & prévention

Ce sont les années SIDA. Une génération entière succombe au fléau et la prise de conscience de l’universalité du virus est lente. Après avoir sensibilisé le public en 1990 avec les expositions personnelles de Jean-Baptiste Carhaix (The Sisters of Perpetual Indulgence), de Philippe Hédan (mort du Sida peu après son exposition au Musée Réattu en 1991), et de Linda Troeller (TB-Aids Diary), la galerie organise une exposition visant à lever les tabous autour du mode de transmission de la maladie et des moyens de s’en protéger. Une trentaine d’artistes de la galerie, sculpteurs, photographes et peintres répondent à l’appel et créent pour l’occasion des pièces inédites. Réalisée en partenariat avec les Amis du Musée de l’Elysée de Lausanne, l’exposition ne rencontra pas le succès escompté en termes de ventes dont une partie devait revenir à la fondation du professeur Montagnier (découvreur du virus de l’immunodéficience humaine en 1983). Et ce, malgré la forte affluence du public à la rencontre débat avec le Docteur Trotot de la Fondation et les responsables de l’association A.I.D.E.S…

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